Le Jacquemart

de Lavaur

Le Jacquemart sonne toujours 2 fois !

À Lavaur, impossible de rater la Cathédrale Saint-Alain (XIIIe siècle), un chef-d’œuvre de l’architecture gothique. Mais peut-être avant de la voir, entendras-tu sa cloche ? En effet, le Jacquemart posté en haut de la tour la frappe de sa hache chaque heure depuis 1604. Mais pourquoi donc ?

Jamais, il ne se fatigue, c’est le propre des automates. Celui-ci est en bois et selon la légende, il aurait été créé par un prisonnier huguenot condamné à sonner les heures jour et nuit pour prouver qu’il était encore présent dans sa geôle. Habile stratège, il conçut cet automate pour frapper la cloche à sa place. Cela lui permit de prendre la poudre d’escampette !

Au temps des guerres de religion de la fin du 16e siècle, catholiques et calvinistes se disputaient la possession de la région. Un jour, les catholiques se seraient emparés d’un groupe d’assaillants et de son chef, auquel la légende attribue le nom de Jacques Marc. Emprisonné à Saint-Alain dans la tour de l’horloge, il était condamné à sonner les heures nuit et jour, en lieu et place du sonneur habituel. Le prisonnier qui avait quelques notions de mécanique se serait servi de planches et ferrailles trouvées sur place pour bricoler un mécanisme capable de sonner les heures automatiquement et tromper la vigilance du gardien pour s’évader à la faveur de la nuit. Les anciens modèles (le plus ancien date de 1523) sont conservés au Musée du Pays de Cocagne.

Le Jacquemart - Cathédrale Saint-Alain LAVAUR
Le Jacquemart - Cathédrale Saint-Alain LAVAUR
Le Jacquemart - Cathédrale Saint-Alain LAVAUR

Le Saviez-vous ?

On dénombre environ 28 Jacquemart en France, dont 4 dans le Sud et qu'un seul dans le quart Sud-Ouest et c'est notre Jacquemart qui est unique, car c'est le seul à frapper la cloche avec une hâche, et non un marteau !

Un peu d'histoire

À la demande de l’évêque de Lavaur, Simon De Beausoleil (1515 -1522), le chapitre des chanoines de la Cathédrale Saint-Alain commande un Jacquemart, au fondeur toulousain Guillaume Lacassagne : une cloche de bronze sans battant, aux armes de la ville avec les inscriptions J-H-S et «Maria vox Domini sonat» et un mécanisme d’horlogerie au serrurier toulousain Marc Jacquet pour animer l’automate. La hache frappant la cloche aux heures et aux demies heures.

Cette cloche ne fut hissée qu’en 1604 sous le consulat de Jean Saunal, Pierre Benoît Olmières et Guy Devezis, à cause des guerres de religion.

Monseigneur Legoux de la Berchère (1678 – 1686) fit exécuter un second jacquemart par le charpentier de Fiac, Noël Arnaud et réparer l’horloge par le serrurier Marin.

En 1783, Mgr Jean Antoine De Castellane Saint Maurice (1770 – 1801) fit remplacer la cloche du jacquemart, qui fut épargnée par la Révolution et classée Monument Historique le 27 mars 1908.

Le 11 août 1873, un 3ème automate exécuté en pin par Gasc, de Castres fut hissé à son tour. Il était en mauvais état en 1899. Après la Première Guerre Mondiale, il fallait envisager de le remplacer. Une souscription fut lancée. Georges- Justice Espenan offrit un chêne de sa propriété de Roucayrols avec lequel Jacquemart IV fut sculpté par Joseph FABRE et hissé le 27 septembre 1922 devant une grande foule, et installé dans sa tour par Antonin Massoutié et son ouvrier Xavier Cadaux.

En juillet 1957, Jacquemart ayant perdu son bras, le maire Raoul Lacouture chargea Gabriel Brauge, sculpteur, de le reconstituer. Il fut remis en place par le charpentier municipal Jean Falcou. Le célèbre automate fut repeint par Maurice Crouzet.

De nouveau en mauvais état, il fut descendu le 25 mars 1997 par une entreprise de l’Hérault, pour être restauré au Conservatoire des Monuments Historiques de Toulouse. Il nous reviendra 3 mois plus tard. Cela sera l’occasion, d’une exposition de nos trois jacquemarts à l’office du tourisme, autrefois à la Tour des Rondes.

Ensuite Jacquemart IV retrouva sa place pour le plaisir des Vauréens et des touristes de passage.

Source : texte de S.Algans

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